Si vous suivez un mauvais coaching en séduction, vous aurez droit à trois sortes de vestes :

1) Elle s’ennuie, du moins apparemment, sur un des poufs de la boîte. Vous lui suggérez donc de danser. Sa réponse est souriante : « Désolée, je suis mariée »… Elle n’avait pas d’alliance, mais ce petit échec est à peu près indolore. Vous commandez un double whisky.

2) Elle est assise sur le banc d’un parc. Vous lui proposez naturellement de prendre un café, mais elle vous répond qu’elle est mariée. Vous ripostez : « Le coup du mari, je connais ! ». Sa réponse est violente : « Et les coups du mari, ça vous branche ? ». C’est un râteau moyen, mais ça commence à bien faire… Vous buvez un demi-litre d’alcool à 240 degrés.

3) Vous décidez de vous laver une fois par mois, (au lieu d’une fois par an). Vous changez les chaussettes que vous aviez enfilées en 1968, et vous partez à la chasse. Vous avez pris soin d’élaborer une stratégie de drague plus complexe que la carte des anticyclones de la météo. Après quatre heures de prospection intensive, où vous vous êtes pris des gamelles par la moitié des femmes de la ville (il faudra changer de coach séduction…), une plante magnifique accepte enfin de vous suivre au restaurant. Entre le homard à l’Armoricaine et le saumon (très cher), vous vous rendez compte qu’elle a des grosses mains, un truc entre les jambes et qu’elle s’appelle Maurice. C’est un échec. Vous avalez deux litres d’eau de vie agricole (à la Réunion ils s’en servent pour démarrer les tracteurs en panne). Vous couchez avec Maurice.

Plus sérieusement, un bon coach en séduction vous dira avec un peu d’humour: « C’est avec une bonne collection de râteaux que l’on peut ratisser efficacement, et donc connaître, voire plus, un maximum de femmes ». Au nom de quelle morale faudrait-il critiquer cet adage ? La quantité a toujours engendré la qualité. Bien sûr, on appréhende toujours le résultat d’une tentative de séduction, mais toute activité à ses risques… En voiture, vous n’êtes pas à l’abri d’un accident ; si vous proposez votre candidature à une entreprise, on peut vous répondre qu’il faut avoir 40 ans d’expérience et moins de 30 ans ; si vous assassinez votre belle-mère, vous pouvez finir vos jours derrière les barreaux et là, je vous assure que vous regretterez amèrement le temps où vous ramassiez des pelles… Il y a ce même côté aléatoire dans la séduction, mais plus on joue, plus on a de chance de gagner. La défaite, fondement de la réussite, est une belle promesse, car grâce à l’apprentissage qu’elle procure, elle rapproche mathématiquement le séducteur du succès. Quel que soit son physique, un bon séducteur s’approche de 10 filles pour en connaître intimement une. Puisqu’un séducteur motivé par son coach en séduction aborde 20 filles par jour, ses chances de rencontrer la femme de ses rêves sont plus qu’honorables… Pour rejoindre le chapitre précédent, comment penser qu’il vaut mieux, pour éviter quelques refus, se priver de l’occasion de rencontrer la femme de sa vie ? S’il y avait une chance sur vingt de toucher le gros lot au loto, est-ce que vous ne risqueriez pas le prix d’un billet, et cela chaque jour ? C’est exactement pareil pour les femmes.

Mais si vraiment vous avez trop peur d’être repoussé, je vais vous donner une astuce pour ne jamais souffrir de leur refus : puisqu’elles vous laissent la douloureuse tache de la rencontre, je vous suggère de devenir macho pour vous protéger. En diminuant la femme, vous diminuez le mal, et vous faites porter le chapeau du fiasco au QI de la cible, qui doit vraisemblablement se rapprocher de celui d’une limace. Ce qui ne fait pas beaucoup. Voilà donc pourquoi elle vous a envoyé balader alors que vous lui aviez gentiment proposé un demi… votre orgueil est sauf. Et si, après une cour assidue, elle vous repousse désespérément, souvenez-vous des paroles du poète : « une grande satisfaction de l’homme est que la femme qu’il a désirée et qui se refuse obstinément à lui cesse alors d’être belle »… C’est beau, n’est ce pas ?

Terminons ce chapitre en rappelant que les vestes sont indispensables : le séducteur doit s’entraîner, toujours et encore, pour obtenir de bons résultats. Le bon sens populaire nous dit : « C’est en forgeant que l’on devient forgeron ». (Ce proverbe est réaliste, car il est plutôt rare, en effet, qu’en forgeant on devienne esthéticienne, ou petit télégraphiste…)