Parler de soi
Fernand Ferdinand, illustre inconnu, disait une phrase très instructive : « Les bavards sont les gens qui parlent des autres, les fâcheux sont les gens qui parlent d’eux, les brillants causeurs sont les gens qui parlent de vous ». Soyez brillant : parlez de quelqu’un qu’elle aime : elle ! En décrivant vos exploits, votre Golf cabriolet et vos actions Eurotunnel, vous ferez partie des fâcheux. Elle commencera par regarder sa montre et finira par la secouer, pour savoir si elle marche encore… la rentabilité de votre séduction en prendra un coup. Retournez la situation à votre avantage. En lui posant des questions, vous lui donnerez envie de connaître celui qui est assez perspicace pour s’intéresser à elle, et elle vous questionnera à son tour. Vous devenez alors crédible en étalant vos prouesses, c’est elle qui voulait les connaître.
Ne pas parler de soi de sa propre initiative est important, ne pas donner l’impression de se vanter est capital. On a déjà vu que la première chose que veut savoir une fille, c’est si vous la draguez. Si vous faites votre propre éloge, c’est que vous voulez l’impressionner. Si vous voulez l’impressionner, c’est que vous la désirez, et ça… ça fait drague.
Prenons l’exemple d’Aldo qui rencontre une fille sans avoir assimilé ce que nous venons de voir :
– « Moi, j’aime la grande musique, le piano virtuose, je joue beaucoup même, mais pas Claydermann, comme tous les puceaux du piano, moi je joue la 13ème, Chopin, Barrrr, Rimsky Korsakooooff, enfin, tu vois, je…. » Il abaisse les yeux sur la fille et constate, avec étonnement, qu’elle est en pleine conversation avec son caniche… Normal. Sacha Guitry qui, lui, a tout compris, disait : « Un raseur est un homme qui parle sans arrêt de lui, quand j’ai sans arrêt envie de parler de moi ».
Donnez des précisions sur votre caractère, vos goûts, votre situation et tout ce qui vous concerne, avec autant de précautions qu’elles, quand elles vernissent leurs ongles avec le dernier Bourjois. Curieusement, il est parfois nécessaire de paraître désintéressé, en parlant peu de soi, par exemple, pour que la fille accepte d’être convoitée. On a vu que les communicantes ne sont attirées que par ce qui leur paraît difficile à obtenir. Si vous vous décrivez trop, vous vous offrez à elles comme une assiette de nouilles. Non seulement vous détruisez votre mystère, mais en plus, elles se sentent draguées de manière trop évidente, donc elles reculent. Votre égo doit être tout, tout petit.
Pour finir ce chapitre en beauté, une jeune femme mannequin, « mais » intelligente et ironique, m’a un jour donné sa définition d’une personne « égotiste » : « Une personne égotiste est un personnage d’un jugement médiocre, qui s’intéresse plus à lui qu’à moi ». Eloquent, non ?