Je n’ai jamais voulu aligner mon comportement sur des principes non démontrés par définition, imposés par la société, la morale, la justice, ou par tout ce qui pourrait s’opposer à la raison, ou plus exactement, à ma raison. Le seul principe que je veux bien accepter, c’est celui qui me conduirait à ne pas faire souffrir ceux qui m’entourent. Principe qui me paraît suffisant pour exister et pour être heureux avec ceux que j’aime, c’est-à-dire avec ma famille, mes amis et mes élèves. Mais à présent, manque de bol, j’ai 40 ans. Putain. 40 ans, et une famille dont j’ai en partie la responsabilité…

Je suis jusque-là parvenu à négliger le regard des autres qui me considéraient comme un adulte, mais à présent, je suis obligé de me comporte comme tel. Il me semble que « Patrick Harris », a réussi sa vie professionnelle avec maturité, mais qu’en est-il au delà de ce masque ? Et puis, ai-je réellement vieilli ? La réalité est souvent là pour me le rappeler. Un soir, au cours d’une fête avec des amis, j’ai tenté, pour rigoler, d’utiliser une de mes techniques de drague avec une midinette. Une de celles qui auraient craqué comme une allumette quinze ans plus tôt. Elle m’a écouté attentivement mais, pour me répondre, elle m’a appelé « Monsieur ». Je n’avais évidemment aucune intention à son égard, mais j’ai eu l’impression que le tempsétait un champion de boxe et qu’il venait de me mettre un direct dans le ventre. Je voyais mon potentiel de liberté s’éteindre. Je suis encore sous la lumière grâce à l’amour de ma famille, mais je tremble de peur chaque fois que j’écoute les mots de Roger Waters : « I have grown older. And you have grown colder, and nothing is very much fun, anymore… ».

Quand à ma vie professionnelle, finalement, je n’ai grillé que la moitié de ma vie. Mes ambitions sont toujours là, je vais continuer à prendre des risques. Puisque les rêves gardent leur saveur tant qu’ils ne sont pas atteints, je vais fabriquer autre chose. Je forme par exemple suffisamment de coachs pour construire une boîte multinationale de consultants. Quand la boîte marchera bien, je la revendrai pour pouvoir m’acheter un autre projet, une autre illusion. Je sais que, malheureusement, je n’ai pas vraiment envie de me payer une Porsche ou une résidence aux Maldives, mais l’argent doit encore avoir de l’importance, ne serait serait-ce que pour le distribuer à ceux qu’on aime ? Et encore… En réfléchissant un peu, il est évident que l’amour a plus de valeur que l’argent. Je sais donc ce que je vais faire. Je vais rester coach en séduction…