Vous vous souvenez de Noémie ? La junkie qui assistait le photographe que je voyais régulièrement ? Elle fut à l’origine de ma première prise de cocaïne, et par conséquent de l’aventure la plus dingue de ma vie. Et le mot « dingue » est bien choisi. Après m’avoir fait fumer et sniffer de l’héroïne, elle m’a un jour proposé de la coke. Au point où nous en étions, j’ai accepté, toujours soucieux de tester les effets des drogues sur l’intensité des émotions de l’acte sexuel. Ce fut une énorme erreur, car dans les trois mois qui ont suivi, j’ai progressivement sombré dans la folie. Dans une crise délirante. Quand la crise commence, personne ne peut la détecter. Le sujet dort de moins en moins, travaille de plus en plus et finit par vouloir devenir le maître du monde, avant de se retrouver… à l’hôpital psychiatrique ! Ce qui est hallucinant, c’est que la crise de manie n’altère l’interprétation de la réalité que plusieurs mois après son commencement. Dans les premières semaines, le malade réagit comme s’il prenait de la coke 24h sur 24: tous ses sens sont affutés au maximum. Il pense plus vite, a davantage d’ambitions, communique beaucoup mieux… Cet état extrêmement agréable développe les compétences au point de réussir les projets professionnels les plus fous. Quelqu’un qui pourrait profiter d’une crise de manie dont les effets seraient stabilisés après deux mois deviendrait président de la république ! D’ailleurs, quand on regarde le parcours de certains de nos dirigeants, on se demande si cette stabilisation est aussi impossible que le disent les spécialistes…