A Montpellier, c’est entre autre dans la rue que je rencontrais celles qui m’évitaient un supplice : dormir seul…
Un de mes terrains de chasse, dans cette ville ensoleillée, était un café sur la Place de la Comédie. Le week-end, j’allais m’y assoir quelques heures pour repérer mes « victimes ». Je n’étais pas très sélectif, et je sautais sur toutes les nanas entre seize et trente-cinq ans qui ne dépassaient pas, à vue d’œil, les soixante-dix kilos. Je leur faisais « le coup du sondage », je prenais le numéro des plus belles, et je considérais les autres comme de l’entraînement, ou comme des sources supplémentaires de reconnaissance… J’alternais les prétextes : « Bonjour mademoiselle, je fais un sondage gratuit sur les poèmes d’amour qui seront publiés par la maison d’édition « Quilébon, et j’ai besoin de recueillir l’avis de jolies filles comme vous » ; ou bien : « Je voudrais écrire un livre sur l’astrologie » ; ou encore : « Je fais un sondage pour savoir ce que les filles aiment chez les hommes ». Ce dernier prétexte m’aidera plus tard à écrire le livre « Drague et séduction », puis « Comment draguer la femme de sa vie ». Les sujets qui fonctionnaient le mieux étaient ceux qui ne faisaient aucune allusion au sexe, ni aux sentiments. De fait, un sondage sur l’astrologie me permettait de récupérer deux fois plus de numéros qu’une enquête sur les goûts amoureux, car elles se montraient beaucoup plus méfiantes dans ce deuxième cas. Normal. On peut sans se tromper en déduire qu’un bon séducteur ne parle jamais de sexe ou même d’amour avant que la fille en question ne pense être sur un chemin affectif. Parler de sexe, de sentiments ou d’amour, déclarer sa flamme, cela attise les sentiments, mais cela ne les crées pas. Les femmes ne font pas, en général, la dissociation entre les sentiments et l’acte d’amour. Si un mec parle de sexe sans que la fille soit déjà envoutée, c’est qu’il serait capable de la baiser sans l’aimer, le vilain… Ca leur plait pas.
J’ai rencontré Déborah en lui demandant ce qu’elle pensait du « régime relationnel objectif des femmes par apport aux hommes ». Cette phrase ne veut pas dire grand-chose, mais elle a acceptée de prendre un verre avec moi pour que je lui explique de quoi il retourne ! Je lui ai posé les questions que j’avais préparées, qui concernaient les différences entre les hommes et les femmes. J’ai bien sûr souligné discrètement que les femmes étaient supérieures aux hommes dans pas mal de domaines. Pour la revoir, j’ai utilisé « la technique du conseil » : je lui ai affirmé que je sentais chez elle une grande sensibilité, et que je voulais en conséquence lui faire lire quelques pages d’un roman d’amour que j’avais commencé à écrire… Elle était, comme prévu, d’accord pour me donner son avis… et donc son numéro… Lors de nos retrouvailles, je lui ai dit que tout compte fait, je préférais par superstition lui faire lire mon roman un tout petit peu plus tard, c’est-à-dire une fois que je l’aurais terminé…