Je ne draguais jamais les mannequins de ma propre agence. Mais parfois, les filles que je rencontrais dans le cadre professionnel m’entraînaient d’elles même sur des terrains glissants. Il aurait alors été tout à fait ignoble de ne pas accepter leurs avances libidineuses ! Si elles me demandaient un peu de plaisir, de leur propre initiative, même en imaginant qu’elles voulaient coucher « utile », je ne pouvais pas rester de glace. Cela aurait correspondu à un grave refus de priorité… J’ai donc toujours accepté avec joie les perches tendues, et un jour, j’en ai accepté une que même un curé pédophile n’aurait pas dédaignée !

C’est un mannequin que je n’avais vu que deux fois, comme c’est le cas souvent dans le métier : la première fois, elles se présentent à l’entretien d’embauche ; et la deuxième, elles apportent les photos qu’elles ont réalisées pour leur book. Ensuite, il n’y a que des contacts téléphoniques pour les castings.

Un jour donc, je décroche. C’est Annabelle, une de mes protégées, qui prends une grosse voix pour me proposer un rapport tout à fait exceptionnel :

– Bonjour Patrick. J’ai un truc à vous proposer. Je vous appelle vous, parce que j’imagine que vous avez beaucoup d’expérience

– Euh… oui… de quel genre d’expérience s’agit-il ?

– L’expérience du sexe.

– Ah, c’est sûr que si je dis que je suis vierge, c’est de mon signe astrologique dont je parle ! Et que puis-je faire pour vous ? »

Je pensais à une simple proposition horizontale, mais il s’agissait de pire…

– Avec ma copine, on veut s’amuser avec un mec. C’est toujours l’homme qui décide, qui trompe, qui joue avec nous, on en a marre, on voudrait s’amuser avec l’un d’entre eux, au moins pour un soir, vous par exemple !

-« Mais, c’est une excellente idée ! »

-« Voici notre projet : on viens vous voir, avec ma copine, qui est très mignonne, vous vous déshabillez, vous vous laissez faire, et surtout, vous ne prononcez pas un mot. Ce sont les règles. On s’amuse avec vous comme avec une poupée, mais vous allez quand même certainement apprécier, est-ce que vous êtes d’accord ?»

-« Mais c’est un projet passionnant ! Voulez vous passer quand ? »

Elles sont bien venues, mais les choses furent loin de se dérouler comme elles l’avaient espéré. D’abord, elles s’attendaient à ce que je reste passif. Impossible ! La situation était tellement extraordinaire au sens propre du terme que je n’arrêtai pas de rire et de me moquer d’elle. Elles m’ont à peu prêt tout fait, comme de badigeonner popaul avec du chocolat liquide pour le nettoyer oralement. Elles avaient tout prévu, sauf mon caractère indiscipliné, voire incongru, si ce n’est, à la fin, cruel. En effet, lors d’un 69, j’ai repoussé l’une d’elle en disant « il y a une odeur ». Le visage de la fille s’est décomposé. Elle ne disait plus rien, et c’est son amie qui a prononcé tout bas : « on s’était préparé pour venir, on s’est lavé… » L’humiliation était d’autant plus forte que sa camarade était présente. Les deux copines n’ont à mon avis jamais renouvelées l’expérience… Je le reconnais : j’ai exprimé mon objection spontanément, avec franchise, c’est-à-dire comme un con, mais si la vérité n’est pas toujours bonne à dire, les fantasmes, ce n’est pas fait pour être réalisés…