En vacances à l’île de la Réunion, toujours accompagné par Jean-David, je remarquai une affiche collée sur un mur de Saint Gilles. La boîte de nuit locale organisait une séance d’hypnose. J’ai commencé par sourire, imaginant un spectacle truqué, dont les complices feraient semblant de s’endormir mais, dévoré par la curiosité, j’ai décidé de me rendre à cette soirée, comme aurait dit Bidule, « pour ne pas mourir con »… Jean-David m’a laissé partir seul, en clamant : « C’est des foutaises ces histoires d’hypnoses ! ».

La soirée a débuté en musique, mais vers 1 h du matin, un moustachu invita tout le monde à se placer sur la scène : la plupart des clubbers s’exécutèrent. Puis il a prononcé les mots que l’on connait : « Vos paupières se ferment, vous vous endormez… ». Je l’écoutais sans grande conviction, et je n’avais aucune envie de m’endormir. Je trouvais l’hypnotiseur ridicule, et à mon avis, la farce ne ferait rire personne… Mais il poursuivait : « vous vous asseyez, vous prenez votre chaussure droite et vous la mangez ». Avant même que je puisse qualifier le spectacle de burlesque, quasiment toutes les personnes qui écoutaient le mec ont soigneusement enlevé leur godasse et se sont mis à mordre dedans… L’hypnotiseur me demanda avec la main de me retirer de la scène… Je me suis placé à côté des quelques personnes qui avaient décidé de ne pas participer, ou qui, comme moi, n’étaient pas « sensible » au truc. Nous étions peut être en tout une centaine, et sur ces 100, il y en avait au moins 80 qui bouffaient leur souliers. Difficile de croire en une quelconque complicité. Quand le moustachu leur a ordonné de trouver un partenaire pour danser un slow, ils ont tous, les bras à l’horizontale comme des zombies, cherché le premier venu pour danser langoureusement avec lui. Il y avait parfois une fille avec un garçon, mais aussi, quelque fois, un homme avec un homme ou une femme avec une femme. Ca a été sidérant quand le patron leur a suggéré de se rouler une grosse gamelle. Ils se sont tous embrassé goulument… Tous… Quand une fois réveillé, Bernard à appris qu’il avait roulé un patin à Gérard, ça ne lui a plu que moyennement !

Le final a dépassé l’imagination : l’hypnotiseur a allongé une jeune femme qu’il a rendue raide comme un piquet entre deux poufs, avant de monter sur son ventre… Il a crié dans son micro : « Et maintenant, vous voyez la puissance de l’hypnose » ! Nous étions tous ahuris.

Quand j’ai raconté à Jean-David ce que j’avais vu, il a accepté de m’accompagner pour suivre le moustachu dans chacune de ses représentations à travers l’île de la Réunion. Curieusement, Jean-David ne se laissait pas, également, hypnotiser, mais quand nous assistions aux prouesses du grand maître, nous nous regardions les yeux écarquillés, en disant : « c’est pas possible, c’est pas possible… ». Qu’une personne ai une telle emprise sur une autre, juste par la voix et malgré sa volonté, passe encore, mais qu’il lui procure une force surhumaine, là, on frôle le paranormal…

Un soir, à la sortie d’un des spectacles auxquels nous avons assisté, Jean-David m’a dit en souriant : « je vais acheter des bouquins sur l’hypnose, je vais m’inscrire à « Hypnose Academy », je vais bucher comme un fou, jusqu’à ce que j’arrive à faire pareil. Et si un jour je rencontre une super nana qui refuse mes avances, alors, les yeux dans les yeux, tu imagines ce que je ferais… Et la fille, à son réveil, ne se souviendrait même plus de rien…»