Un barbu est passé me voir au bureau. Au téléphone il prétendait s’être renseigné sur mon compte, et avoir un conseil à me donner qui me ferait gagner beaucoup d’argent… Je ne savais pas s’il s’agissait d’un commercial ou d’un fou mais, poussé par la curiosité, je lui ai donné un rendez-vous. Au premier abord, je n’avais pas affaire à un vendeur : le type était énorme, et sa barbe dépassait de son gros manteau en laine. Il n’a ouvert la bouche qu’après s’être assis devant moi :
– Bon. Je connais vos activités, commença-t-il, sans fioritures.
– Très bien…,
– Je sais que vous avez pas mal de filles qui acceptent de poser nues. Une de mes relations est photographe et s’est adressé à vous.
– Ha bon ? Lequel ? »
– Il s’est adressé à vous, et il a ainsi rencontré des filles pas mal du tout. Moi, je représente une grande entreprise de distribution de films amateurs pour adultes, et je pense que vous devriez faire un premier pas dans le monde de la vidéo érotique. » .
– Ah d’accord ! e comprends ! Et ben écoutez, euh… C’est une idée, mais à mon avis, mes filles ne voudront pas en entendre parler. Entre une étudiante qui veut arrondir ses fins de mois en faisant des photos de charme dans l’anonymat le plus complet, et une fille qui est ok pour faire l’amour devant une caméra, il y a une légère différence…
– Demandez-leur, vous verrez bien… Il suffit de deux filles pour faire un film amateur.
– Je vais y réfléchir… ça va peut-être vous étonner mais j’adore mes filles, et je ne voudrais en aucun cas qu’elles acceptent sur mes conseils de faire quelque chose qu’elles pourraient regretter par la suite. »
– Voici ma carte. Si vous vous décidez, vous m’appelez, et nous étudierons ensemble les modalités du tournage.
Puis le gros s’est difficilement levé et s’est dirigé vers la porte sans attendre de réponse.
Une fois seul, j’ai contacté tous mes modèles. J’ai fait très attention à ne pas user de manipulation. Je devais absolument trouver deux filles qui accepteraient de faire un film pour s’amuser, et non pour gagner de l’argent. J’ai commencé par Emma. Après tout, c’était elle qui m’avait conduit à faire du charme :
– Salut Emma ! C’est Patrick. Dis-moi, je vais te proposer un truc de fou, mais est-ce que tu aimerais tourner dans un film porno pas très bien payé, toi ? »
-Tu rigoles ? Mon agence à Paris me virerait sur le champ si j’apparaissais dans ce genre de film ! »
– Tu as tout à fait raison… Désolé pour ma proposition foireuse, bonne soirée ! »
Sur les vingt-cinq modèles que j’ai contactées, dix neuf m’ont dit la même chose, en invoquant le point de vue éventuels des parents, des amis ou des collègues, 4 m’ont dit qu’elles devaient y réfléchir, mais 2 ont acceptés avec joie, sans même me demander le montant du cachet !
Ce qui est étonnant, c’est qu’aucune d’entres elles n’a invoqué le côté scabreux du porno…
Alors, que penser de la pornographie ? J’étais déchiré… D’un côté, j’avais du mal à croire que les 2 comédiennes soient aussi enthousiastes, de l’autre puisque tous les couples du monde font du porno dans le noir, pourquoi ne pas allumer la lumière sur cette activité universelle ? Il y a des peuples qui font l’amour en public, pourquoi pas devant une caméra ? En l’amour est la vie, disait Jésus Christ, pourquoi devrait-on cacher son expression physique? Bref, je me posais plein de questions dont les réponses évidentes n’avaient qu’un seul but : légitimer mon énorme envie de participer à une aventure folle qui se résumait à quelques mots bien simple : produire un film de cul !