Qui ne s’est jamais demandé : mais que pense t elle (vraiment) de moi ? J’ai trouvé un truc, un truc presque infaillible, si les circonstances du bluff indispensable sont réunies. J’ai un jour joué au tennis, mon sport favori depuis belle lurette, avec Olivia, une fille dont j’avais trouvé le numéro sur le mur du club de sport d’Antony *. Les filles sont en général plus régulières que les hommes -au tennis j’entends (!), Ce qui rend la partie souvent plus intéressante. J’ai mis de côté mes techniques de séduction et je n’ai pas été vraiment délicat, notamment dans le score du match et, ma foi, j’avais le sentiment que nous partagions une certaine animosité l’un envers l’autre… Du coup, je nourrissais une curiosité qui, quoique illégitime, m’a poussé à utilisé une technique pour qu’elle me parle de moi-même en mon absence. Impossible me direz vous? Que nenni ! Je lui ai téléphoné quelques jours plus tard en me faisant passer pour un certain Paul-Henri, le frère jumeau d’un certain Patrick ! Elle m’a appris qu’elle connaissait effectivement bien mon frère, et qu’elle acceptait volontiers de faire quelques échanges de balle avec moi. La supercherie me faisait frémir de plaisir… Lors de ce second (ou premier) rendez vous, je faisais semblant d’avoir des tics, histoire de ne pas lui mettre la puce à l’oreille. Et ça a marché comme sur des roulettes. J’étais intérieurement plié de rire… Un de mes partenaires de tennis est d’ailleurs passé à côté du court et m’a lancé un « Ça va Patrick ? ». Je lui ai lancé un regard étonné, et Olivia elle-même est allé à sa rencontre : « Mais non, ce n’est pas Patrick, c’est son frère jumeau, Paul-Henri, que vous ne connaissez pas ! ». Le mec a regardé dans ma direction l’air dubitatif, puis s’est éloigné… J’ai ressenti un réel plaisir à être ainsi défendu par ma propre victime : mon rêve d’enfant, devenir invisible, était réalisé… Ce qui me rappela mon objectif : faire parler la fille sur Patrick. J’ai donc entamé le sujet en lui demandant si la partie avec mon frère s’était bien passée, mais Olivia fut on ne peut plus hypocrite : « Oui, c’était très bien… Flagrant délit de mensonge ! J’ai alors compris qu’elle hésitait à me « descendre » devant mon propre frère jumeau, et j’ai essayé de lui faire comprendre que je n’aimais pas Patrick… Elle ne changea néanmoins pas de position, certainement par peur que je répète… j’aurais dû insister, lui apprendre que je ne le voyais plus depuis dix ans, et que nous étions définitivement brouillé.

* Ville de la région parisienne.

Plus tard, quand j’ai avoué ma petite plaisanterie à Olivia, j’ai été le seul à en rire… Bien au-delà du fait qu’elle ne jouera plus jamais au tennis ni avec Patrick ni avec Paul-Henri, j’ai lu dans ses yeux qu’elle aurait bien voulu me tuer…