Une journée du mois de juillet, Jean-David m’appelle : il voulait à tout prix aller en Espagne le lendemain… Nous n’avions rien prévu, nous ne savions pas où dormir, nous ne savions même pas dans quelle ville nous rendre. Nous appelions cela les « plans galères », et je n’ai jamais raté un plan galère de ma vie.
Le lendemain, nous roulions donc dans une vielle voiture break en destination de Barcelone. Le soleil était au rendez-vous et, le bras sur la portière, nous avions une agréable impression de liberté. D’autres préparent leurs vacances six mois à l’avance, dans le stress et l’organisation ? Nous, nous décidions de partir et hop, nous partions, sans même savoir où.
Le soir, à proximité de Figueras, une des premières villes espagnoles à la frontière, nous étions en quête d’un endroit où passer la nuit. Nous avons essayé sous un pont, mais le passage des trains au-dessus était insupportable. Alors, nous nous sommes couchés près d’une meule de foin, mais les moustiques nous ont fait déguerpir. Nous avons fini par trouver une crique et, comme des hommes préhistoriques, nous avons dormis dans une petite grotte.
La journée, je faisais de la chasse sous-marine et, le soir, nous faisions cuire les poissons sur un barbecue improvisé avec des pierres, des morceaux de bois et la flèche de mon fusil. Nous avions laissé la mayonnaise dans le coffre de la voiture, en plein soleil… Au retour, nous avons été malade comme jamais, et nous avons compris que la mayonnaise sous 50 degrés, ce n’est pas bon du tout…
Une après-midi ensoleillée, j’arpentais la plage à la recherche d’une conquête. Une superbe fille, sur sa serviette, me sourit en me voyant passer. J’aurais pu m’assoir à côté d’elle pour entamer une conversation, mais par précaution, j’ai utilisé « la technique de la méduse ». Je lui ai gentiment demandé de surveiller le sac que j’ai posé à ses côtés et, une fois dans l’eau, je me suis fait un super méga suçon. Je suis revenu en me tenant le bras et en pleurant : « Aie ! Je me suis fait piquer par une méduse ! a fait mal ! ». Elle s’est réellement intéressée à ma douleur et a jeté un œil à la marque rouge. Elle n’avait pas peur des méduses, elle était tout simplement compatissante. C’était une merveille, cette Marie. Je me suis installé près d’elle et, après quelques minutes de conversation, j’étais si bien que j’ai laissé de côté mes techniques de séduction. On a parlé comme des enfants. Je lui ai raconté mes histoires de chasse sous-marine, de criques dans lesquelles ont dormait, et des barbecues auxquels elle était, bien sûr, invitée… Nous avons passé toute la journée les yeux dans les yeux, j’en ai oublié ma passion aquatique, et, le soir venu, nous avons dégusté une paella face à la mer. A la fin de son plat, elle me donna sa dernière crevette, c’est-à-dire la plus importante. J’ai compris à ce détail que nous allions passé une superbe histoire d’amour…
A son hôtel, le streap-tease qu’elle m’a offert tenait du miracle. Une professionnelle. Ses vêtements tombaient lentement à ses pieds, ses mouvements sensuels me faisaient perdre la tête. Sa jouissance puisait ses racines dans mon plaisir. Là, j’ai voulu dégrafer mon ceinturon, mais elle me dit gentiment : « Non, viens plutôt avec moi ». Elle se rhabilla et m’entraina sur la plage.
La présence de quelques voyeurs ne nous gêna pas le moins du monde, et c’est au son des vagues qui s’écrasaient sur le sable que nous avons fait l’amour, éclairés par la lune. (Je sais, écrit comme ça, ça fait un peu con, mais à vivre, c’est mieux.)
Marie habitait Lyon où elle travaillait dans une station-service. Quand, à moto, je faisais le trajet entre Paris et Montpellier, je passais toujours la nuit chez elle, ne serait ce que pour qu’elle me fasse une gaterie alors que je révisais ma psycho, ou que je regardais la tél.
Notre aventure s’est terminée quand elle a cru que j’essayais de draguer la femme de son frère. Comment a-t-elle pu me croire capable d’une telle ignominie ? Comment a-t-elle pu imaginer que j’étais à ce point dépendant des aspirations désastreuses de ma testostérone ?? Je m’en moquais éperdument, moi, de cette femme belle comme le jour, au regard de feu, d’un charme à se cogner la tête contre les murs…