Je reprends les mêmes ingrédients et je refais la même sauce : deux filles désinhibées, deux caméramans, deux acteurs ultra-motivés, un scénario sommaire voire inexistantune après-midi de tournage, et hop, dans la boîte !. Mais ce coup-ci, l’histoire ne tourna pas en ma faveur… Quelques jours après le tournage, j’ai reçu le coup de fil d’un homme qui m’offrait de réaliser le montage pour le compte d’un autre distributeur que le mien moyennant un bénéfice plus conséquent. J’ignore comment il a eu mon numéro mais il se réclamait d’une boîte de production de X amateur très connue dans le milieu. J’accepte donc un rendez vous… Le mec est bien venu, mais il n’était pas seul, ils étaient trois… En posant une carte de visite sur le bureau, ils m’ont gentiment demandé les rushes (les prises de vues) du film. Ils n’avaient pas vraiment la tête de trois gars qu’on aimerait rencontrer dans une rue sombre, mais le ton était courtois, et je leur ai présenté les deux cassettes du film. Ils ont rapidement parlés des projets qu’ils avaient, de l’argent qu’ils pourraient me faire gagner, avec pour référence cette célèbre boîte de prod. Puis ils se sont levés avec mon film dans les mains… J’ai commencé par rouspéter : « Euh, j’aimerais bien réfléchir un peu avant de vous confier les rushes» Ils m’ont répondu naturellement : « Pourquoi faire ? Vous ne nous faîtes pas confiance ? » J’ai alors essayé avec plus de fermeté : « Attendez que je fasse une copie. Revenez dans trois jours.». L’un d’entre eux a ricané en regardant son collègue : « Houai c’est ça » puis ils ont ouvert la porte et ont disparu. Définitivement… ils auraient pu voler mon film en me mettant un flingue sur la tempe, le résultat aurait été identique. J’ai bien tenté de les contacter mais le numéro de téléphone qui figurait sur leur carte de visite était celui d’un sex-shop dont le gérant affirmait n’être au courant de rien. Lors de notre discussion, il m’a juste précisé un point que je ne pourrais jamais vérifier : une mafia contrôlerait dans le département l’ensemble de ce qui tournait autour du sexe : film et prostitution, et qu’en tant que « concurrent », ce qui m’arrivait était tout à fait compréhensible. Il a même ajouté en rigolant que je ferais mieux de produire des dessins animés ! Comme je ne voulais pas mêler mon père, commissaire, avec mes déboires, qui l’auraient entrainé à se suicider de honte, je suis allé porter plainte au commissariat du coin pour vol de film « érotiques », les flics se sont bien marrés… Je me suis bien fait niquer sur ce coup-là…