A l’agence Universal de Paris, j’avais appris à refuser les apprentis mannequin : « Vous êtes trop petite », « on ne recrute plus personne », « vous n’avez pas de bonne photos »… et autres excuses bidons qui évitaient de dire la blessante vérité : « vous n’êtes pas assez belle pour ce métier »… Un soir, j’avais rendez vous avec une belle plante. Sophie, un mètre quatre-vingt. Quand elle est rentrée dans mon bureau, la déception était proportionnelle avec sa taille : immense… Un visage trop carré, pas assez de cils, un nez trop volumineux, moche … Avec toute ma mauvaise foi, je lui ai lancé : « J’espère que vous avez des photos professionnelles, vous savez, c’est indispensable dans ce métier ! ». En général, elles répondaient par la négative et, comme elles ne connaissaient personne pour leur en faire, l’aventure s’arrête là. Mais avec Sophie, les choses ont été différentes. Elle a sorti son book, l’air triomphant… En dissimulant ma déception, j’ai jeté un coup d’œil aux clichés. Surprise : cette nana était sublime ! Non seulement les photos étaient effectivement professionnelles, mais en plus la photogénie de Sophie était excellente . J’ai refermé le book, et j’ai menti une nouvelle fois, avec le sourire : « J’ai tout de suite vu que vous étiez photogénique ! ». Sophie a par la suite passé avec succès la majorité des castings que je lui ai proposés, et je me suis ainsi rendu compte que malgré la formation que j’avais reçu à Paris, je n’étais encore qu’un novice…

J’ai donné, quelques jours plus tard une interview sur une grande radio, au sujet du mannequinat. J’ai parlé en tant que professionnel… qui ne se trompe jamais…