Pour éviter les retards, les journalistes des émissions TV convoquent toujours leurs invités trois heures avant le début du tournage. Du coup, on se fait chier dans les coulisses ou, dans le meilleur des cas, on papote avec les autres invités. Lors d’une émission sur le célibat (on ne m’invite que rarement pour celles qui concernent la thérapie par les plantes), je suis ainsi tombé sur un médecin canadien farfelu, avec lequel j’ai entamé une conversation sur un sujet socialement récurent : la psychanalyse. Pour moi, la psychanalyse, c’est comme le bon Dieu, l’astrologie, la politique, la peine de mort… Pas moyen de savoir si ça marche vraiment. Mais pour une fois, l’argumentation de mon interlocuteur s’appuyait sur une étude intéressante, quoique un peu surprenante : au Canada, ils ont pris un échantillon de cent personnes représentatives de la population qui ont entamé une psychanalyse de dix ans, et ils ont également suivi un autre groupe similaire dont les membres, eux, n’ont pas eu le droit de mettre un pied chez un psy . Au terme de l’étude, le premier groupe comptait plusieurs déprimés ou névrosés, et le deuxième n’en comptait aucun. J’ai fait remarqué à mon interlocuteur que je voulais bien admettre que la psychanalyse ne soit pas suffisamment utile, mais pour qu’elle raison serait-elle néfaste ? « Ben si, m’a-t-il tranquillement expliqué, parce qu’à force de raconter tes malheurs à ton psy, tu finis par y croire davantage. A chaque fois, tu dois trouver des arguments supplémentaires, auxquels tu n’avais peut être jamais pensé avant !! Tu arrives à la séance, et tu dis « oui, ma mère, malheureusement elle m’a fait si, elle m’a fait ça…. » et quand tu sort, tu penses « c’est vrai, qu’elle salope ma mère ! », et du coup, tu déprimes ! ». Exprimer sa souffrance à un psy reviendrait donc à lui donner d’avantage de poids ?

De quoi rester  bouche bée, car moi, j’aurais bien aimé avoir une oreille compatissante, dans mon enfance, pour tenir compte de mes malheurs…… De plus, si d’un côté s’il est vrai que dans les sciences sociales, il n’y a que les études qui sont susceptibles de nous faire découvrir la vérité, d’un autre, est ce que l’on peut toujours leur faire confiance? On peut ainsi démontrer avec des chiffres que plus on boit de cafés, plus on a de risques de mourir d’une attaque cardiaque. Mais la vérité, c’est qu’il n’y a qu’un lien de consécution, et non de causalité : c’est  les gens stressés qui ont des attaques et ce sont les mêmes qui boivent le plus de café… Un exemple plus simple, c’est que l’on pourrait très bien affirmer, avec une étude sérieuse, que le lit est l’endroit le plus dangereux du monde, tout simplement parce que 90% des gens y meurent…