Il m’arrivait encore de m’assoir à côté de Roland Dieu, directeur de l’agence de mannequins Universal, mais celui-ci persistait à saboter son entreprise en insultant ses propres clients. Quand il raccrochait, il me disait avec le sourire : « Ah, ça fait du bien ! » l désirait vendre son agence. Trente années à supporter les caprices des mannequins, les exigences des clients, le monde fou de la mode, ça lui suffisait. Il en voulait un million de francs. C’était pour moi l’occasion rêvée d’avoir enfin une vraie agence de mannequins et donc de m’offrir les plus belles femmes de Paris. Il ne me restait plus qu’à acheter Universal et tous mes rêves allaient devenir réalités. Mon chemin était tout tracé, mais il y avait un léger obstacle en travers de ma route : je n’avais pas, mais alors pas du tout, le million nécessaire. Et si j’avais voulu faire un emprunt auprès d’une banque, je crois que ses employés se seraient bien foutu de ma gueule… J’ai alors eu une idée : si une agence de mannequins à Paris était hors de prix, il n’en était pas de même pour la Province. Une agence à Paris, c’est deux cent mètres carrés de surface, des employés, des mannequins et des photographes hors de prix… ne agence de mannequins à Montpellier, en revanche, c’est un bureau avec un téléphone, un fax, et basta ! Un local dont je pourrais d’ailleurs me servir en retour pour une autre activité parallèle, dans l’hypothèse plus que probable où l’aventure se révèlerait peu rentable. Je me suis alors lancé dans une profonde introspection pour savoir dans quoi j’allais bien pouvoir me lancer, en dehors de l’agence de mannequins. Déjà, j’envisageais de reprendre mes études ; cela ne pouvait pas me faire de mal. Ensuite, qu’est-ce que je savais faire, moi, à part draguer ? Pas grand-chose, à vrai dire… D’autant plus qu’avec l’agence de mannequin et les études, il ne me resterait qu’un mi-temps. J’ai fini par imaginer une activité en rapport avec mes aspirations, et qui allait changer le cours de ma vie : donner des leçons de séduction.