La situation suivante aurait été incroyable, extraordinaire, exceptionnelle si, pour mon malheur, elle n’avait pas des explications scabreuses…

Emma, le top modèle parisien, est passée me voir accompagnée de son petit ami, histoire de récupérer l’argent de ses séances de pose. Elle travaillait régulièrement. Certains photographes me contactaient même parfois pour me remercier. Pourtant ses tarifs n’étaient pas donnés ! Etaient-ils conscients de son physique exceptionnel ? J’étais en tout cas ravi : il n’y avait pas que mes cours de séduction qui me donnaient ce sentiment fantastique d’être utile.

Comme j’avais pris l’habitude de parler en « ami » avec mes mannequins, nous avons engagé une conversation sur les avantages de la vie montpelliéraine comparée à la vie parisienne : le temps, les opportunités, le confort de vie… et autres sujets banals que l’absence d’intimité imposait. A un moment, l’ami d’Emma s’est excusé pour, disait-il, aller acheter des cigarettes. Il est entendu que je m’étais résigné depuis longtemps à ne jamais recevoir d’avance de la part de la créature de rêve qui était en face de moi, puisqu’elle avait quitté Paris pour vivre avec son petit copain… Et pourtant, dès que la porte fut fermée, la bombe sois disant inaccessible se rua sur moi, m’embrassa, se déshabilla et se mis a quatre patte sur le canapé en disant « Vite, il va revenir »… Cette attitude aurait-elle dû me surprendre ? Et ben absolument pas, car j’avais déjà vu la même scène sur canal plus ! Non, bien sûr, j’étais stupéfait ! Ahuri ! Mais j’ai quitté maladroitement mon pantalon et je me suis rapproché d’elle . Comme je n’avais pas envie, d’emblée, de faire ça façon chien-chien, j’ai tenté ma spécialité : un cunnilingus attentionné. Ce qu’elle a refusé net. J’ai alors essayé de la renverser pour lui faire l’amour dans une position plus tendre, cela paraissait incontournable pour un premier rapport, mais elle n’était toujours pas d’accord… Je n’avais pas le temps de la convaincre, son mec allait revenir, et je me suis donc contenté d’une levrette somme toute assez décevante… Elle criait fort, comme dans un mauvais porno, et je lui ai demandé si elle le faisait exprès. Elle m’a répondu qu’elle ne comprenait pas que l’on doute de sa sincérité, et que l’élu de son cœur disait la même chose…

Justement, « L’élu de son cœur» refit surface avec son paquet de cigarettes dans la main. Heureusement, nous étions déjà réinstallés autour du bureau. La conversation reprit son cours, et je ne sais plus pour quelle raison, ils se sont disputé devant moi : Le copain lui reprochait de l’avoir trompé quelques mois auparavant ! Elle répliqua que ce n’était pas grave, puisqu’il s’agissait d’une seule et unique fois ! Aucun auteur de Vaudeville ne se serait risqué à imaginer une situation aussi peu crédible. Je comprendrais deux ans plus tard qu’en réalité, j’ai été manipulé comme un pantin par Emma. Je comprendrais tout, effectivement, mais les menottes aux poignés…