Au bout d’une semaine, dans mon squat, j’en avais ras-le-bol d’être réveillé aux aurores par l’homme de ménage. Et j’avais besoin d’une vraie salle de bains afin d’être présentable face à d’éventuels employeurs. Les hôtels me paraissaient hors de prix : il me fallait une collocation ou un studio pas cher. Tout comme j’ai souvent arnaqué des femmes pour posséder leurs corps, on a souvent tenté de m’arnaquer pour posséder mon argent…

Cette fois, l’arnaque venait de Loc-Facile, une petite agence immobilière qui communiquait par petites annonces. Elle offrait, moyennant une « cotisation », certes peu onéreuse, de fournir aux candidats à la location une liste de numéros de téléphones censés appartenir à des propriétaires. La promesse : des studios ou des chambres à des prix défiant toutes concurrences… J’étais en train de négocier en vain au guichet : je leur proposais le double de la cotisation, mais seulement après avoir trouvé un studio. La jolie hôtesse refusait avec le sourire quand une jeune cliente fit irruption dans l’agence en rouspétant : « J’en ai assez ! Je ne tombe que sur des répondeurs, et le seul studio que j’ai pu visiter était insalubre ! Remboursez-moi ! ». J’assistais à une scène classique : une cliente escroquée se révoltait, devant l’impuissance simulée par l’agence : pour des raisons comptables, il était impossible de rembourser quoi que ce soit. Mais l’agence était persuadée qu’elle finirait par trouver son bonheur dans leur catalogue, avec un peu de persévérance. Ben voyons ! J’ai stoppé net mes négociations qui de toute façon étaient mal engagées, pour me concentrer sur un sujet plus intéressant : la jeune fille arnaquée.