L’émission télé C’est mon choix, animée par la belle Evelyne Thomas, faisait un carton à l’époque. Ils m’ont contacté pour une émission sur le machisme, dans laquelle je devais donner mon avis à propos de quelques invités spéciaux : ceux-ci pensaient qu’une fille devait se contenter d’être belle, et en silence… J’ai passé deux jours à écrire et à apprendre par cœur les phrases qui me serviraient !
Ils m’ont convoqué trois heures avant le tournage, en prétextant qu’ils devaient me maquiller. En réalité, le maquillage a duré trente secondes, et le reste du temps, je l’ai passé à me ronger les ongles en regardant le plateau qui se remplissait d’un public surexcité. Dans les coulisses, les techniciens couraient dans tous les sens. Le réalisateur donnait des ordres, d’autres préparaient le matériel. Les invités feignaient d’être décontractés, et je me répétais sans cesse les répliques aux questions supposées. Le pire, c’est que je n’allais intervenir qu’à la fin, et qu’en conséquence, il m’a fallu patienter une heure en regardant l’émission sur les écrans des coulisses. J’avais du mal à croire que moi aussi, j’allais faire partie du spectacle, sous les projecteurs et les caméras. Quand ce fut mon tour, un des assistants réalisateurs est venu me chercher. Il m’a sorti de la pénombre des coulisses pour me pousser sur le plateau illuminé.
Malgré mes appréhensions, ma prestation fut correcte. D’une part, parce qu’Evelyne thomas m’a posé les questions auxquelles je m’attendais, et je n’ai eu qu’à réciter mon texte en faisant croire que j’improvisais. D’autre part parce que j’avais le beau rôle, puisque je condamnais les machos : j’ai donc été acclamé par les femmes du public… et enfin parce qu’une fois sous les projecteurs, ma foi, on s’y habitue… Cela ne m’a pas empêché d’avoir systématiquement la trouille avant de participer aux dix huit autres télés qui suivirent. Je pensais que Brel exagérait quand il disait vomir de peur avant tout concert, j’ai ainsi compris qu’il n’était peut être pas aussi mytho que ça…