La première fois que j’ai aperçu Lola, qui prenait le soleil sur le banc d’un parc, j’ai pensé : « Toi, avec ton visage d’ange, même si tu es schizophrène, psychopathe ou même, pire, emmerdante, je fermerai les yeux ! »

J’avais prémédité la rencontre la veille, en imaginant une méthode un peu complexe, et j’avais sur moi l’outil indispensable : un paquet de cartes à jouer.

– Bonjour Mademoiselle, auriez-vous vu un garçon grand comme ça, blond, qui avait l’air de chercher quelqu’un par ici ? »

– Désolée, je n’ai vu personne.

– J’avais rendez-vous avec lui sur ce banc, mais j’arrive en retard. Peut-être qu’il est plus loin ? Je vais voir, merci mademoiselle.

Et j’ai momentanément délaissé ma proie. Un dragueur, dans l’esprit des femmes, c’est forcément « collant ». En m’éloignant ainsi quelques minutes, je lui montrais que je n’étais pas collant, histoire qu’elle en déduise que j’étais désintéressé. Je suis revenu Trois minutes, quarante sept secondes et trois dixièmes plus tard :

– Vous n’avez toujours aperçu personne, j’imagine ?

– Non, et pourtant cette fois j’ai fait attention !

– Zut ! Je devais jouer aux cartes avec lui ! »

Ma déception entraina un geste de dépit malencontreux, et, oups, toutes les cartes que j’avais en main tombèrent aux pieds de Lola. La douceur avec laquelle elle m’a aidé à les ramasser m’a fait comprendre qu’il s’agissait de la femme de ma vie (J’ai rencontré au moins 20 « femmes de ma vie »). Après lui avoir confié que le poker était un jeu passionnant qui permettait de perdre son argent, son temps et ses amis, j’ai convaincu Lola de me rejoindre sur la pelouse pour jouer. Il s’agissait bien de la femme de ma vie, car elle perdait en riant. Par contre, je ne sais pas comment interpréter le fait qu’elle faisait également l’amour en riant…