Le premier article que j’ai envoyé à ce mensuel leader chez les 25-35ans a été refusé. Encore que je ne suis pas certain qu’il ait été lu, vu le nombre de piges qu’ils reçoivent tous les jours… Mais je ne les ai pas laissé respirer, je les ai harcelé au téléphone, et j’ai fini par joindre le rédacteur en chef du journal, Lomig Guillo. Cet homme génial a accepté de faire paraître mon deuxième article, et il est même venu me voir dans mon appart du IXe arrondissement. A son contact, j’ai compris ce qu’était le vrai charisme. Ce mec a une capacité d’empathie incroyable. Il donne l’impression de se mettre dans la tête de son interlocuteur, ce qui le conduit entre autre à surfer sur une tolérance exceptionnelle, et à ne jamais se battre pour démontrer qu’il a raison. D’ailleurs, il s’en fout, d’avoir raison. Après quelques articles supplémentaires, il m’accorda l’extrême honneur de superviser l’ensemble des articles sur la « rencontre et séduction », ce qui a durée 7années. Je validais et corrigeais toutes les parutions du magazine portant sur ces questions. Un jour, il me fit visionner un DVD sur le coaching en séduction pour connaître mon avis. Comme j’avais moi aussi écrit un DVD sur le sujet, j’avais initialement l’intention de paraître objectif en soulignant les qualités de l’œuvre concurrente. Mais malgré mes efforts, j’ai trouvé le DVD minable, et FHM n’en a donc pas parlé. La gloire, quoi…
La personnalité de Lomig m’a inspiré pour mes cours. J’ai par exemple reçu Christophe, un grand gaillard de vingt-neuf ans qui faisait fuir ses conquêtes par ses maladresses. Les coachs en séduction américains conseillent d’envoyer des negsaux filles convoitées, c’est-à-dire des petites remarques « semi-blessantes ». Les Américaines en sont peut-être friandes, mais ce n’est pas le cas de nos Françaises, notamment en ce qui concerne les affectives… C’est à cause de ses negs involontaires que l’aventure de Christophe avec les femmes ne restait pas plus d’un mois en sa compagnie . Je lui ai donc conseillé de ne jamais, jamais contredire son interlocutrice quelle qu’elle soit, et de commencer toujours ses phrases par « oui ». Il s’agissait au départ d’un simple exercice, bien sûr, mais progressivement, il a pris l’habitude de ne pas imposer son opinion à tort et à travers, et sa vie affective, sociale et même professionnelle a étée transformée. A mon avis, avoir un du charisme consiste à accorder à l’autre le droit d’être lui-même et donc de se tromper. De toute façon, dans les relations humaines, on nage toujours dans des eaux troubles, appelées « sciences sociales » : Politique, religion, paranormal, peine de mort, art… En ce qui concerne ce genre de sujet, qui pourrait avoir la prétention de croire qu’il a nécessairement raison ? Et puis même, quel est le bénéfice de celui qui perd son temps en essayant de convaincre l’autre ? Ah ben, je suis bête, la réponse est dans la question… il s’agit effectivement d’une perte de temps. Est-ce que vous avez déjà vu une personne se disputer avec une autre sur un sujet social quelconque, puis clore la conversation en disant : « bon, c’est vrai, tu as raison, je me trompais… » ? Non, cela n’arrive jamais. Sauf si celui-ci est suffisamment tordu pour utiliser la « technique du siècle » que j’ai déjà évoquée !