Je me demande si donner des leçons de séduction, et ainsi recevoir une gratitude éternelle, n’est pas plus agréable que de diriger une agence de mannequins…

Parmi mes clients, il y avait le directeur d’un grand magasin à Montpellier qui était amoureux d’une de ses caissières. Je lui ai simplement conseillé de s’entretenir en privé avec la belle, un prétexte bidon sous le bras, et je lui ai donné une solide formation en communication. Résultat : il lui a proposé une promotion et, pour glisser du plan professionnel au domaine privé, il s’est justifié : « Je m’adresse à vous car vous paraissez être une personne très dynamique. Je suis sûr que vous faites du sport, par exemple, non ? ». Elle a répondu qu’elle jouait au tennis et, coïncidence extraordinaire, le boss cherchait justement des partenaires… Ils se sont retrouvés sur un court, plusieurs fois, ce qui a été le début d’une très belle parade amoureuse. La séduction ressemble souvent à la magie : ses « trucs » sont parfois évidents, mais le résultat, lui, est magnifique…

Un des élèves les plus étonnants que j’ai eus, était un psychiatre d’une trentaine d’années. Un vrai de vrai, mais complètement déprimé par son célibat tenace ! Plus incroyable encore, il était paralysé par sa timidité , malgré le visage en acier trempé qu’il offrait dan son boulot. Ca me rappelait un peu les rapports que j’entretenais avec « Patrick Harris » ! Je lui ai demandé de lister dans un cahier toutes ses réussites, puis de m’en parler, histoire de lui faire prendre confiance en lui. Comme il était souvent fourré dans des librairies, je lui ai également proposé la « technique de l’anniversaire » : « Bonjour mademoiselle. Dimanche, c’est l’anniversaire de ma sœur et je voudrais lui offrir un livre. Vous qui êtes une femme, pourriez m’aider à en trouver un ? » Une fois l’entrée en matière faite, il ne lui restait plus qu’à pousser la conversation le plus loin possible, avec d’autres techniques de communication. Il a récolté ainsi trois numéros de téléphone et a réussi à coucher avec l’une de ses rencontres. Après cela, il m’a assuré qu’il se sentait beaucoup mieux dans ses baskets, ou plutôt dans ses chaussures vernies, et qu’il lui semblait avoir maintenant une sorte de pouvoir sur les femmes.

De même, j’ai également conseillé quelques hommes politiques, mais pas vraiment dans les conditions habituelles. D’une part, ils ne m’ont pas contacté directement, mais ce sont leurs assistants qui s’en sont chargé, parait-il après avoir comparé mes références avec celles de mes confrères. D’autre part, ils ont refusé de me voir à mon bureau et m’ont demandé de me déplacer dans un appartement « neutre », c’est-à-dire inconnu par tous. Les trouillards… Enfin, ils n’ont pas signé mon contrat, mais j’ai été obligé de signer le leur, en tant que « formateur en communication ». C’est donc « vous », cher contribuable, qui avez payé la note, et je vous assure qu’elle était salée ! A la fin du contrat, il y avait une clause de confidentialité tellement sévère que je n’ai pas réellement envie de m’étendre sur les conditions du coaching… Il paraît que je peux être attaqué uniquement si l’un d’eux se reconnait, indépendamment du regard des autres… J’ai d’ailleurs un copain qui s’est amusé à sampler la voix d’un politicien sur une radio, et qui du coup a reçu les renseignements généraux à 6 heures du matin… Le ton est resté courtois, certes, mais 6 heures, ça fait un peu tôt pour moi…

Allez, je vais vous avouer un secret. En commençant à écrire ce livre, j’avais une vague idée en tête : je voulais vous mentir. Pour une seule et unique fois. Je voulais vous mentir juste pour rigoler, en vous affirmant que j’avais aidé Nicolas à séduire Carla, avec plein de détails. Je ne le ferais pas d’une part parce que c’est complètement faux, bien sûr, et d’autre part parce que ce serait une grave erreur de ma part d’altérer la vraisemblance de ce livre. En effet, je ne crois pas, indépendamment de mes vagues préférences politiques, que Nicolas ait réellement besoin d’apprendre à séduire, et ce au sens noble du terme, bien entendu… De la même façon, mais cette fois ci c’est un point de la plus haute importance, je l’adore, mais je vous jure que ce n’est pas moi qui ai coaché DSK ! C’est sans doute un concurrent à moi qui s’en ai occupé, j’en sais rien, mais en tout cas c’est pas moi !

J’ai également reçu quelques célébrités, notamment un chanteur vedette, qui n’était célibataire que depuis cinq mois. A l’entendre, cinq mois, c’était une éternité. Il prenait des antidépresseurs, et trouvait sa vie sans aucun intérêt : il ne souriait que devant les caméras. J’ai commencé par lui suggérer timidement de se tourner vers ses fans, histoire de recueillir un peu d’affection, mais il m’a répondu qu’il ne m’avait pas attendu pour le faire ! L’ennui, c’est qu’il assimilait les rapports sexuels avec ses groupie, d’après ses propres mots, comme de la « masturbation » car toujours selon lui, les filles en question étaient en réalité amoureuses d’une photo avec un micro dans les mains, mais en aucun cas elles ne l’aimaient pour ce qui il était vraiment. Classique… Le pauvre était épris d’une autre chanteuse qui partageait sa vie avec un homme d’affaire… Il essayait désespérément de trouver des scénarios pour briser leur couple. Il envisageait même d’engager une prostituée de luxe pour coucher avec le PDG, et ainsi provoquer un scandale qui entraînerait leur séparation ! Il ne l’a jamais fait, ce qui est fort dommage, car j’en aurais bien rigolé ! Je l’ai suivi pendant deux mois, toutes les semaines, puis il a soudain disparu de la circulation. Au bout d’un moment, c’est moi qui l’ai contacté, poussé par la curiosité : il m’a annoncé tout heureux qu’il avait enfin trouvé l’âme sœur. Et l’heureuse élue était… l’une de ses fans…

Je dois admettre que mes élèves sont en général d’un meilleur niveau social que moi, souvent plus âgés, et également très intelligents… Mais je reste le maître des clés ! Je me doute bien que de ne pas avoir été aimé, admiré et soutenu dans mon enfance m’a laissé quelques marques, mais la thérapie que la vie m’a donnée m’a attentivement soignée, la preuve : je n’ai à ce jour jamais trompé ma femme, et je n’ai également jamais éprouvé le besoin de coucher avec mes élèves du sexe qui n’est pas aussi faible qu’on le dit .Celles-ci sont curieusement souvent très jolies. Il s’agit généralement de fausses communicantes, c’est-à-dire de filles tendres et sensibles, mais qui se protègent derrière un masque solide voire castrateur . Du coup, elles attirent des hommes avec lesquelles elles ne peuvent pas s’entendre à moyen terme : les vrais communicants, ceux qui, admirés, encouragés et aimés pendant leur enfance, profitent d’une confiance en eux inconditionnelle, et séduisent pour gagner, non pour être aimé La solution ? Qu’elles aillent elles-mêmes à la rencontre des affectifs, car ceux-ci, par peur d’être rejetés, n’iront jamais vers elles. C’était par exemple le cas d’Isabelle, filmé par « envoyé Spécial » diffusée sur France 2. Isabelle avait pourtant rencontré des dizaines d’hommes, mais en vain. Elle a eu la gentillesse de défendre mes méthodes devant les caméras : « Je vais voir Patrick Harris parce que je sais que lui, il a les réponses à mes questions… » Elle vit maintenant avec son mari en Martinique.