C’est encore un coup de bol qui me permit de faire éditer mon deuxième livre : « Comment draguer la femme de sa vie ». Initialement, j’ai en effet demandé à une société commerciale d’envoyer 20 000 mails pour faire la publicité de mon site « www.coach-seduction.com », dans le but de rencontrer des célibataires qui auraient besoin de moi. Le seul coup de fil que j’ai reçut suite à mon mailing a été celui d’un dessinateur déjà marié… Simplement, il connaissait un éditeur qui, éventuellement, pourrait être intéressé par mes écrits… Cet éditeur m’a initialement donné rendez vous au Ritz, ce qui ne m’a pas étonné outre mesure, puisque je connaissais aussi bien que lui le processus « d’association ». Par contre, j’ai été ahuri par le premier contact que j’ai eu avec cet homme d’affaire: Il a écrasé ma main dans la sienne en me regardant droit dans les yeux, puis s’est présenté rapidement, avec précision, mais de façon glaciale. J’avais l’impression de participer à un thrilleur américain, face à un mafioso qui allait me commander 200 kilos de cocaïne. Je lui ai présenté le relevé de compte de mon premier livre qui s’était tout de même vendu à 20 000 exemplaires, pensant ainsi mettre en valeur mon travail, mais il la parcouru d’un coup d’œil, et la reposé de façon méprisante sur la table. a discussion est partie sur les termes éventuels du contrat d’édition, sur les retours possibles, sur le marché de l’édition que concurrençait Internet et, soulagement suprême, à mesure que l’on parlait, l’éditeur est progressivement devenu plus agréable, j’allais dire plus humain, et il s’est mis jusqu’à esquisser quelques sourires ! J’ai appris plus tard qu’il était un expert en relations humaines. La conclusion est évidente : il utilisait une technique de communication machiavélique mais admirable pour se présenter. Machiavélique puisqu’elle va dans le sens contraire du processus « de sympathie », pourtant connu par tous, selon lequel un personne est plus susceptible d’obtenir le consentement de l’autre si elle se présente de manière agréable. Admirable parce qu’elle est d’une efficacité incroyable. En effet, les premières secondes d’une rencontre nous permettent de ranger dans une catégorie précise notre interlocuteur et si un personnage apparaît froid au premier abord, on a tendance à penser qu’il est « pro », et surtout, que la raison pour laquelle il n’a pas besoin de s’abaisser à paraître sympathique, c’est qu’il n’est pas « demandeur », ce qui est crucial dans les relations professionnelles. Dans une négociation, il y a toujours le faible, qui paraît aux abois, et le fort, qui décide et qui gagne en général. Avec mes sourires et ma gentillesse, j’étais au dessous, alors que l’éditeur, avec son masque en fer, était au dessus. L’interaction « dominant-dominé »aurait pu s’arrêter là, mais il y avait une étape suivante majeure : Le chef est progressivement apparu plus sympathique, plus cordial, plus à mon écoute, j’imagine pour que cela soit moi qui grimpe les escaliers pour le rejoindre, et non le contraire. En effet, plus ou moins inconsciemment, j’étais enchanté et fier de constater qu’il quittait son statut de patron, pour enfin m’accorder une certaine considération. Si le champion du monde vous serre la main, vous n’en éprouvez pas la même satisfaction que s’il s’agit d’un clodo ! Pareil : Si un homme vous méprise dans un premier temps, puis finit par vous flatter, vous y accorderez de l’importance, davantage que s’il vous avait couvert de compliments dès le départ. J’ai commencé par tenir compte de cette stratégie haut de gamme en donnant des conseils à un ingénieur en chef timide qui habitait en Suède, et qui ne comprenait pas pourquoi, malgré sa gentillesse extrême, il se faisait manger tout cru par ses collègues. Au bout de quelques mois de pratique, il m’a avoué que ses subalternes l’écoutaient enfin, et que ses collègues tenaient compte de son avis. Il était devenu respecté.

C’est en étudiant la vie amoureuse de Gainsbourg que j’ai compris que cette stratégie pouvait également être utilisée dans la vie sentimentale. Personne de peut nier que Gainsbourg était un des plus grands séducteur que notre terre n’est jamais porté. Les plus belles ont capitulés devant ce génie de l’attirance : Bardot, Deneuve, Birkin, Bambou… Et vous savez comment il se comportait quand il rencontrait une bombe atomique ? Il était comme de la glace, ou dans le meilleur des cas, juste poli ou courtois. Ce n’est que progressivement qu’il estompait son masque de fer et qu’il se montrait plus attentionné. Ses conquêtes pensaient alors : « C’est moi qui l’ai fait changer. Il ne m’aime pas parce que je suis belle, comme tout les autres, mais pour ce que je suis vraiment ». Je sais qu’il ne s’agit pas là du seul procédé de séduction qu’il utilisait, je reconnais que son statut de musicien lui a quand même pas mal facilité la vie, mais puisqu’il s’agit du meilleurs, il faut considérer avec attention l’ensemble de ses armes… Enfin, il ne faut jamais être trop sympa avec quelqu’un qui vient juste de vous être présenté. Il en déduira inconsciemment que vous recherchez à être aimé, donc que vous êtes en manque d’affection, donc que vous n’en recevez pas assez, et donc que vous ne le méritez pas… Aïe…