Souvenez-vous : à dix-sept ans, c’est grâce à un mensonge, sur mon signe astrologique, que j’ai pu caresser les courbes affolantes de Delphine, ma première conquête « essentielle ». Cette aventure m’inspira quelques idées sur la moralité d’un mensonge.

Tout d’abord, c’est l’objectif que l’on poursuit qui est immoral ou qui ne l’est pas. Un couteau n’est pas immoral, cependant on peut s’en servir pour trucider sa belle-mère. On peut également s’en servir pour découper son bifteck. C’est similaire pour le mensonge, qui se justifie à mon avis pleinement si son but est l’épanouissement de deux personnes. Et il faut bien reconnaître, en ce qui concerne la séduction, que dans un lit, deux personnes de sexes différents ont tendance à s’épanouir…

Il y a donc deux sortes de mensonge : le mensonge négatif, qui est exprimé par le menteur au détriment de celui qui l’écoute, comme parfois dans le commerce. Il me parait d’ailleurs évident que genre de mystification devrait être davantage stigmatisé par notre société. Pourquoi est ce que les flics ne se font pas passer des clients pour piéger les vendeurs qui nous mentent ? Je confierais ma voiture au garagiste avec plus de sérénité, moi…

Et puis, il y a le mensonge positif, exprimé par le menteur au bénéfice de celui qui l’écoute. Par exemple, si votre cousine vient d’accoucher et vous présente son nourrisson plein de sang, tout fripé, en disant : « Il est beau, hein ? » vous n’allez pas lui répondre la vérité, c’est-à-dire que le petit ressemble à une saucisse… Vous allez lui dire : « Il est magnifique ». Il s’agit d’un mensonge positif… Et puis qui n’a jamais dit « Comment ça va ? », alors qu’ s’en fiche complètement? Et les curés qui disent parler intimement avec Dieu? Et les avocats? Sont-ils toujours sincères? Et nous tous, quand on s’ennuie royalement dans une soirée, et qu’à la fin, on dit à la maîtresse de maison: « J’ai passé une excellente soirée ! » et quand la nourriture est infecte et qu’on lui affirme: « Très bon repas… »! La liste est longue, la séduction n’est pas un cas particuliers.

De toute façon, dépeindre en toute sincérité ses pensées lors de l’approche d’une cible est exclu : « Bonjour Mademoiselle, on ne se connait pas, mais comme je vous trouve pas mal, je me demande si vous accepteriez, une fois après avoir fait connaissance, de coucher avec moi, voir de se marier si on tombe amoureux l’un de l’autre ? ».