C’est la faute à cette nana de un mètre soixante dix sept, « Emma », beaucoup trop belle… Quand elle est entrée dans mon agence, j’ai été foudroyé : qu’est ce qu’une fille avec un physique aussi parfait faisait à Montpellier ? Mannequin à Paris, elle aurait gagné des fortunes ! Elle s’est assise en face de moi avec un sourire convenu, et m’a tendu son book. Les photos étaient bien entendu toutes hallucinantes et, sur la couverture du grand livre noir, était inscrit le nom d’une des plus célèbres agences de mannequins parisiennes. , que je ne peux pas citer, car la bombe atomique m’a lancé :

– Je suis venu à Montpellier pour suivre mon petit ami. Je ferais tout ce que vous voulez comme défilés ou comme photos, y compris le charme.

J’ai ouvert de grands yeux et j’ai demandé, avec une naïveté manifeste :

– Le charme ? C’est-à-dire ?

– Je pose nue, si vous voulez… Y compris pour des photographes amateurs, du moment qu’ils payent.

-Ah, mais oui ! Oui oui oui ! Ils payent bien ! ai-je assuré en refermant le book. Ecoutez, vous n’êtes plus à Paris, mais vous allez continuer à gagner de l’argent, ça je peux vous le jurer sur la tête de Jean Claude Van damne., ha ha ha ! »

Elle est restée de marbre. Au moment de me quitter, elle m’a dit au revoir poliment avant d’ajouter avec un clin d’œil : « A bientôt, j’espère ! »

Dès que la porte s’est refermée sur cette vision de rêve, j’ai décroché mon de téléphone et sans vraiment réfléchir à ce que l’avenir allait me réserver, j’ai dicté une annonce dans un journal « Superbe jeune fille de 25 ans pose nue pour photographes amateurs ». Une semaine plus tard, des dizaines de mecs m’ont appelés en m’affirmant être passionnés par la photographie … Comme je ne pouvais pas faire face à cette demande soudaine avec un seul modèle, j’ai fait paraître une deuxième annonce : « Photographe amateur recherche jeune fille pour poser nue. Bonne rémunération ». Quelques filles, plus ou moins étudiantes, plus ou moins chômeuses, se sont manifestées. Mon rôle devenait sublime… Je recevais les modèles, je les photographiais en tenu plus que légère puisque, pour la plupart, elles n’avaient pas de photos, et je montrais le résultat aux photographes-amateurs-mateurs… Après avoir choisi la demoiselle qu’ils voulaient prendre en photo (et, désastre, « voire plus si affinités »…), ils me payaient cher pour que je les mette en contact avec la belle puis se déplaçait avec leur appareil photo (jetable ?) à son domicile… A tout hasard, dans le contrat que les deux parties devait signer, j’ai précisé que le contact physique était strictement interdit durant la séance. Mais maintenant que j’y repense, le contrat, tout le monde s’en foutait…

J’étais très, très loin d’imaginer que je venais ainsi de mettre un premier pas en prison. Le proxénétisme, quel que soit sa forme, c’est 10 ans fermes… Et est-ce que je serais crédible quand j’affirmerai que je n’étais absolument pas au courant de ce qui se passait dans mon dos ?