Paul-Henri est assis sur un banc au bord d’un parc, pas très confiant. Il regarde de droite à gauche.
Quelques centaines de mètres plus loin Christophe est assis dans la position contraire, excessivement décontractée, les coudes sur le banc, tout sourire, cigare à la main.
Une jeune fille passe devant Paul-Henri. Celui-ci se lève et, en levant un doigt, s’adresse à elle.
PAUL-HENRI
Pardonnez mon intrusion, mademoiselle… Je me permets de vous interpeller ainsi, parce que… euh…
LA FILLE
Parce que quoi ?
PAUL-HENRI
Voilà, dans le souci de préserver votre temps, je vais aller droit au but : je suis le fils du ministre Podevin, néanmoins je dépense l’argent de mon père dans la plus grande des solitudes. Je sais que cela peut vous paraître surprenant, mais je suis célibataire … Verriez-vous quelques inconvénients à ce que je vous offre un café un laconique instant, nous pourrions parler de… de… enfin je ne sais pas vraiment de quoi… mais…
LA FILLE
Un café ? Et vous êtes fils de ministre ? Quelle chance ! Moi, je suis la fille du Président et justement, j’étais en train de me dire que j’aimerais bien boire un café !
PAUL-HENRI
(Surpris)
C’est vrai ?
LA FILLE
Non, mais c’est vous qui avez commencé à raconter des conneries… (Elle s’en va.) Un café….
Paul-Henri se rassoit frustré.
Elle se dirige vers Christophe. Quand elle arrive à sa hauteur, celui-ci se lève d’un coup et lui coupe la route en souriant, théâtral, très sûr de lui. Celle-ci s’arrête et regarde froidement Christophe.
CHRISTOPHE
Mademoiselle, c’est aujourd’hui votre jour de chance ! Je vous invite à boire un café dans un bar, qui, par un hasard défiant toutes les lois de la probabilité, se trouve à deux pas d’ici !
LA FILLE
(Elle pousse Christophe et continue sa route.)
Mais vous me faîtes chier avec vos cafés ! J’aime pas les cafés ! J’ai horreur des cafés !
Christophe fronce les sourcils et regarde la fille partir.
CHRISTOPHE
Ca doit être vrai que la femme est la dernière chose qu’a fait Dieu… on sent la fatigue…