Un avocat debout fait de grands gestes devant des juges vieux et fatigués.
L’AVOCAT
Mon client, monsieur Paul-Henri Podevin, qui, et je me dois de le rappeler, est la descendance de celui que nous respectons tous, que nous admirons tous, bref, que nous aimons tous, je cite le grand, le noble et l’immaculé ministre Monsieur Georges Podevin.
Soulignons que Paul-Henri était, à la suite de deux semaines de mariage, étouffé par la solitude engendrée par la distance froide de sa femme. Paul-Henri souffrait. D’une souffrance telle, d’une souffrance si lourde, si tenace, que lorsque la perfide Eva rentra dans sa vie, (Les juges sont en train de s’endormir.), il vit en son corps magnifique une lumière dans les ténèbres, et il tomba dans ses bras. Mais sachez, messieurs les juges, qu’il fit l’amour avec Eva tout en pensant secrètement et intensément à sa femme, car…
PAUL-HENRI
(Il se lève et crie.)
Mais pas du tout ! Je n’ai jamais couché avec Eva moi !
L’avocat se rapproche de Paul-Henri et lui parle doucement :
L’AVOCAT
Laissez-moi faire mon petit. Je suis un professionnel, je sais comment vous défendre.
PAUL-HENRI
Oui mais moi je n’ai pas couché avec Eva !
L’AVOCAT
Allez, détendez-vous, détendez-vous. (Il pose sa main sur celle de Paul-Henri) Làààà. Tout se passera bien.
L’avocat retourne devant les juges qui dorment en ronflant.
L’AVOCAT
Je disais que lorsque mon client se vautra dans la boue sexuelle avec la belle Eva, avec la belle tentatrice…
Paul-Henri prend sa tête dans ses mains. Eva, derrière lui, se penche et met sa main sur son épaule.