Une fête bat son plein dans le jardin d’une villa de grand standing avec piscine. Cravate et robe de soirée sont au rendez-vous. PAUL-HENRI, coupe à la main, excessivement précieux, cherche visiblement quelqu’un pendant un moment, puis s’avance vers un groupe d’hommes habillés en hommes d’affaires. Il se place derrière celui qui a l’air d’être le meneur (GEORGES PODEVIN), qui parle à cinq ou six personnes à la fois en faisant de grands gestes. Plusieurs fois Paul-Henri tente de l’interrompre en tapotant sur son épaule, mais il hésite.

GEORGES PODEVIN
Et alors il me dit avec un ton grave « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ». Je lui ai répliqué : « Non, l’avenir appartient à ceux dont les ouvriers se lèvent tôt ! » Ha Ha Ha !

Tout le monde rit, Benjamin tapote l’épaule de Georges.

PAUL-HENRI
Père, s’il vous plaît…

GEORGE PODEVIN
Qu’est-ce qu’il y a fils ?

PAUL-HENRI
Je suis confus de vous interrompre, mais la situation est, niveau séduction, dramatique : je n’arrive pas à mettre la main sur ma femme.

GEORGES PODEVIN
Elle a téléphoné tout à l’heure, elle ne viendra pas.

PAUL-HENRI
Scrogneugneu !… Je vous remercie père.

Paul-Henri déçu va s’asseoir près de la piscine, tête baissée. Une jeune et belle fille (EVA) s’assoit à côté de lui.

EVA
Quelle soirée romantique… Vous êtes Monsieur Podevin-fils n’est-ce pas ?

PAUL-HENRI
C’est exact…. Comment le savez-vous ?

EVA
Je vous ai vu à la télé, à côté de votre père. Un ministre exceptionnel d’ailleurs.

PAUL-HENRI
C’est le moins que l’on puisse dire.

Le couple continue à parler. Une jeune femme (ANNE CATHERINE) marche à travers les invités, et se dirige vers la piscine.

EVA
Moi c’est Eva. Je sais que cela va vous surprendre, mais je donnerais cher pour vous embrasser… euh… vous permettez ?

PAUL-HENRI
Ce serait avec grand plaisir, mais ma situation ne le permet pas : je suis marié depuis deux semaines, et je n’ai encore jamais trompé ma femme, c’est une question de principe voyez-vous ?

Anne Catherine est maintenant immobile quelques mètres derrière Paul-Henri. Elle regarde le couple.

EVA
Allez, juste un tout petit bisou, j’aimerais tant goûter aux lèvres du célèbre Paul-Henri Podevin… allez, un tout petit…

PAUL-HENRI
Euh… Bon, d’accord, je cède dans l’unique but de satisfaire votre curiosité légitime, mais rapidement alors !

Ils se font un smac.

PAUL-HENRI
Voilà !

Mais Eva prend Paul-Henri par le coup et l’attire vers elle. Celui-ci se débat doucement deux secondes puis finit par embrasser avec fougue Eva.
Anne Catherine observe un moment le couple puis se rapproche de lui. Elle tapote sur l’épaule de Paul-Henri.

ANNE CATHERINE
Monsieur Podevin ?

Paul-Henri qui embrasse Eva stoppe le temps de parler, toujours sans regarder Anne-Catherine.

PAUL-HENRI
Une seconde, mademoiselle, une seconde….

Puis il recommence immédiatement. Au bout de quelques secondes, il s’arrête et se tourne vers Anne Catherine, affolé.

PAUL-HENRI
Anne ! Ecoute, les apparences sont apparemment contre moi, mais seulement apparemment, parce qu’en fait non ! Pas du tout ! Je veux dire qu’en réalité… cette demoiselle m’a forcé !

ANNE CATHERINE
Donc on dira au juge que tu t’es fait violé au bord de la piscine… c’est crédible…

PAUL-HENRI
Mon… mon canari… j’ose espérer que tu ne va pas demander le divorce pour ce point de détail ?

ANNE CATHERINE
Je vais me gêner tiens ! (Tout d’un coup elle fond en larmes.) Dire que j’étais venue pour te faire une surprise ! Heiiiiiin !

Anne Catherine fait demi tour et s’en va, le visage dans les mains.