L’église est remplie de monde. Au milieu s’avancent les mariés, Benjamin et Angélique, resplendissants, dans la musique appropriée. Ils s’arrêtent devant le curé qui mâche un chewing-gum. Il porte la robe noire d’un prêtre, mais il a une casquette rouge mise à l’envers sur la tête.

LE CURE
Bon, je vous préviens, on va la faire moderne, parce que sinon j’ai personne à la messe. J’ai une réputation à défendre… Alors comment tu t’appelles toi ?

BENJAMIN
Benjamin.

LE CUREE
Salut Benjamin. Dis-moi, elle est bonne au lit ta copine?

BENJAMIN
Heu… oui !

LE CURE
Tu en as de la chance… Es-tu prêt à l’honorer au moins deux fois par semaine jusqu’à ce que le divorce vous sépare ?

BENJAMIN
Oui, au moins !

LE CURE
Bon, très bien… et toi, ton petit nom ?

ANGELIQUE
Angélique !

LE CURE
Salut Angélique. Est-ce que tu es prête à ramasser les slips sales que Benjamin laissera traîner derrière lui jusqu’à ce que qu’un juge vous sépare ?

ANGELIQUE
Dans une certaine mesure, oui…

LE CURE
Alors je vous déclare mari et femme, et vous pouvez vous rouler une gamelle…
Vous vous mettrez les bagouzes plus tard, sinon on y est jusqu’à demain…

Angélique et Benjamin s’embrassent, sous les applaudissements du public, et notamment de Patrick Harris qui est assis aux premières loges, sur un banc vide, une larme à l’œil.

LE CURE
Bon, allez, allez, vous pouvez disposer… Y’a un autre mariage qui attend.

Benjamin et Angélique s’assoient à côté de Patrick Harris.
Toujours en grande pompe, le couple Christophe et Géraldine arrive jusqu’au curé.

LE CURE
Bonjour vous deux. Toi, le marié, est-ce que tu es prêt à toujours tendre l’oreille à ta femme, et ce même si elle te raconte sa journée pendant une finale de foot, et ce jusqu’à ce que les papiers du divorce soient signés ?

CHRISTOPHE
Ah bon ? C’est obligé ça ?

LE CURE
Ecoute, tu compliques pas les choses, hein. Tu dis oui et après tu vois. Alors, tu es prêt à faire ce sacrifice, oui ou non ?

CHRISTOPHE
Euh… oui…

LE CURE
Très bien. Et toi, la mariée, est-ce que tu es prête à ne jamais tromper ton futur mari et ce même si ton facteur est beau comme un Dieu (Il lève la tête en l’air) euh… excusez-moi… (Il abaisse la tête) je voulais dire, même si ton facteur est beau, tout court, et ce jusqu’à ce que le divorce vous sépare ?

GERALDINE
Oui, bien sûr.

LE CURE
Alors je vous déclare mari et femme, vivez heureux, ayez beaucoup
De gosses et ne regardez quand même pas trop le foot, parce qu’à mon avis ça va faire des problèmes…

Christophe embrasse Géraldine. Patrick Harris est toujours aussi ému. Le couple s’installe sur son banc avec Benjamin et Angélique.

Paul-Henri et Eva, habillés en mariés, avancent jusqu’au curé.

LE CURE
(Il baille.)
J’ai un coup de barre, moi… bon, alors, les mariés, ne me dites rien, laissez-moi deviner… Vous avez envie de vous marier, de vivre ensemble, de copuler, d’être heureux, tout ça, et ce le plus longtemps possible, c’est ça ?

PAUL-HENRI et EVA
Oui !

LE CURE
Alors je vous déclare mari et femme ! Embrassez-vous passionnément, faut qu’on y croit.
….
Ah oui, un détail pour nos trois petits couples, là, je leur conseille expressément de ne jamais, jamais divorcer… Car les avocats sont de plus en plus chers ! Ha Ha ! (Il fait un clin d’œil.) Allez à plus.

Le curé fait vaguement une croix avec ses mains et s’en va.

Paul-Henri embrasse Eva.
Tout le monde se retrouve dehors dans le jardin. Un orchestre joue de la musique, on danse, on rit….

Patrick Harris est resté sur le banc, dans l’église vide, triste, les yeux dans le vague.

PATRICK HARRIS
Et moi alors ?

FIN